Faut-il que les neurotypiques s’adaptent à nous ? — Réflexion autour du TDAH et de la responsabilité partagée
Dans mon podcast Ambitieusement TDAH, une auditrice, Joël, m’a récemment posé une question très pertinente :
« Est-ce qu’on est en droit, en tant que personne TDAH, de s’attendre à ce que les neurotypiques s’adaptent à tous nos comportements ? »
Cette question est complexe, et elle touche à un enjeu fondamental : comment trouver un équilibre sain entre nos besoins spécifiques en tant que personnes neuroatypiques et ceux des personnes neurotypiques qui nous entourent ?
Comprendre son propre fonctionnement : la première étape essentielle
Vivre avec un TDAH signifie faire face à des défis supplémentaires dans la vie quotidienne : difficultés à maintenir l’attention, sensibilité à la surcharge sensorielle, gestion de l’impulsivité, etc.
Avant de chercher des adaptations autour de soi, il est crucial de mieux comprendre comment ton cerveau fonctionne et d’identifier les situations qui amplifient tes difficultés.
Par exemple :
Les environnements bruyants comme certains restaurants peuvent nuire à ta concentration.
Être en mouvement (marcher côte à côte plutôt qu’être assis face à face) peut aider à mieux suivre une conversation.
Fermer les distractions (onglets, notifications) et écrire en même temps qu’on écoute peut améliorer la rétention d’information.
Ces stratégies relèvent de ta responsabilité personnelle : tu ne peux pas contrôler ton environnement, mais tu peux apprendre à t’y adapter.
Oui, les neurotypiques ont aussi leurs défis
Joël avait raison de le souligner : les personnes neurotypiques vivent elles aussi avec leurs blessures, leurs biais cognitifs et leurs défis émotionnels.
Le cerveau humain est rempli de raccourcis mentaux destinés à économiser de l’énergie : ces biais peuvent influencer la façon dont tes comportements sont perçus.
Cela signifie que, parfois, des réactions négatives à ton comportement ne sont pas malveillantes, mais simplement le résultat de ces biais.
Plutôt que d’attendre des neurotypiques qu’ils changent tout, il est plus constructif de chercher comment mieux coexister, dans le respect mutuel.
Trouver l’équilibre : entre adaptations et responsabilisation
Certaines adaptations sont possibles et utiles :
Temps supplémentaire aux examens (tiers temps)
Écouteurs anti-bruit en milieu de travail
Réponses automatiques aux courriels pour clarifier tes délais
Mais ces outils ne suffisent pas si on ne sait pas les utiliser efficacement. Le tiers temps, par exemple, est inutile si on n’a pas préparé la matière ou appris à gérer son anxiété.
De ton côté, il est essentiel de :
Déterminer ce qui est réellement difficile pour toi
Communiquer tes besoins de façon claire et respectueuse
Être prêt à mettre en place des stratégies concrètes pour compenser tes défis
Et du côté des neurotypiques, il s’agit d’accepter de s’informer et de faire preuve d’empathie, sans pour autant tout porter sur leurs épaules.
Exemples concrets d’ajustements réalistes
Voici quelques exemples que j’utilise personnellement :
Choisir des restaurants calmes pour limiter la surcharge sensorielle
Travailler debout ou sur un tapis roulant pour favoriser la concentration
Porter des vêtements confortables pour pouvoir bouger et étirer mon corps pendant mes tâches
Planifier mes réponses aux courriels selon mon niveau d’énergie et non les attentes implicites de rapidité
Ces petits choix m’aident à fonctionner efficacement dans un monde pensé pour les neurotypiques, sans attendre que tout change autour de moi.
Conclusion : Co-construire des environnements plus inclusifs
Environ 10 % de la population vit avec un TDAH — cela signifie que 90 % sont neurotypiques. On ne peut pas espérer que tout notre entourage s’adapte à notre fonctionnement.
Mais on peut :
Déconstruire les mythes sur le TDAH (non, ce n’est pas que pour les enfants !)
Sensibiliser les neurotypiques aux réalités du TDAH
Se responsabiliser dans la gestion de nos défis et de nos besoins
Collaborer pour bâtir des environnements plus respectueux des différences de chacun
L’objectif n’est pas que les autres portent notre charge, mais de trouver un terrain d’entente où chacun peut s’épanouir.
Pour aller plus loin
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